Patrimoine

Saint Marcel d'Ardèche en 1677

Saint-Marcel est l’une des communautés les plus anciennes du Vivarais.
Parcourez le cœur médiéval du village. Vous vous laisserez gagner par le charme de ses ruelles pavées de galets. L’image ci-dessous est tirée du plan du XVIIème siècle (1677 exactement), classé Monument Historique, présentant les terroirs de Saint-Marcel et de Saint-Just.
On y reconnaît le clocher caractéristique de l’église. La communauté est alors entourée de remparts, la plupart des habitants (et du bétail) vivant à l’intérieur de « l’enclos ». A l’intérieur, les maisons s’entassent autour de ruelles tortueuses. Il faut savoir que les rues intérieures du village qui nous paraissent aujourd’hui si étroites ont été pour la plupart élargies au 19° siècle.
Les places étaient minuscules. Il y en avait deux essentiellement : la « petite place » (correspondant en gros à la place du Monument aux Morts) et celle de l’église (à l’époque, la nef était inversée par rapport à celle d’aujourd’hui, et la place était beaucoup plus petite). La place des Muriers et la place du Languedoc n’existaient pas, elles étaient entièrement recouvertes de constructions.


On reconnaît deux des trois portes de la ville : à droite, celle du Portail du Rhône, la principale, près de laquelle se tenait un poste de guêt. A gauche, celle du Ponteil. Quant au portail supérieur (porte Soubeyran), on en discerne la tour en haut et à gauche. On remarquera que le château de Bernis n’existait pas encore à l’emplacement qui est le sein aujourd’hui. Il n’y sera construit qu’à la fin du XVIIème et au début du XVIIIème siècle.
Les murs de l’enceinte seront démolis sous Napoléon Ier laissant la place au « boulevard » extérieur, les actuelles rues du Barry Est et du Barry Ouest. Sur cette vue aérienne, on retrouve l’organisation caractéristique de l’enclos médiéval.

La maison commune

Pas de maison de ville avant le XVIIème siècle : les conseillers se réunissaient soit sur la place principale devant l’église, soit dans le cimetière (alors tout proche), soit chez un des notables.
Le 7 septembre 1642, le conseil politique (conseil municipal de l’époque) décide l’achat d’une maison, près de la cure pour installer les archives, y tenir réunion et servir d’école.
Ce bâtiment sert de maison commune jusqu’en 1780, date à laquelle, les consuls choisissent de s’installer près de l’actuelle place du Monument aux morts avec deux entrées : une sur la place et une sur la rue (qui conduit aujourd’hui à la place de la mairie).

En 1790, les communes sont créées en France par l’Assemblée Constituante . Les premières élections municipales installent maire et conseillers municipaux.
La devise républicaine « LIBERTE - EGALITE » est encore visible dans la rue de l’Hôtel de Ville, sur un linteau récupéré au bâtiment de la Mairie sous la Révolution

Ci dessous la plaque commémorative rappelant un épisode sombre de l’histoire du village : l’assassinat par la milice en 1944 du maire de St Marcel d’Ardèche

Têtes sculptées

En parcourant les rues, le promeneur fait des découvertes incongrues comme ces têtes sculptées sur certaines façades.

Dans la Grand’rue, au dessus d'une boulangerie et sous la génoise, en voici une qui joue avec la lumière au fil des saisons et des heures. (image 1 ci-dessous)

Rue de la Riaille, en voici d'autres, tantôt de forme humaine, tantôt en forme animale comme cette tête de cochon. (images 2 et 3 ci-dessous)

Rien à voir bien sûr avec les chefs-d’œuvre de la maison des Chevaliers à Viviers, mais cet art rustique témoigne de la même recherche : afficher son statut social ou professionnel au vu et au su de tous.

Les fontaines 

Les sources et les ruisseaux aujourd'hui canalisés de la Font de Mazade et de Salaman, ont joué un grand rôle pour fixer l'habitat au pied de l'amphithéâtre de collines entourant Saint-Marcel d’Ardèche.
Aujourd’hui, cinq fontaines agrémentent le cœur du village. Trois sont situées à proximité des anciennes portes de la ville : Fontaine-lavoir du Ponteil, fontaine-lavoir de la Porte du Rhône, fontaine de Soubeyran.
Les deux dernières sont intra-muros : la fontaine de Viviers, la plus ancienne et la fontaine de la place de la Mairie.

La Fontaine Soubeyran
La fontaine Soubeyran a été reconstruite en 1888. Conçue par l'architecte bourguesan Baussan, elle est construite avec la pierre des carrières du Louby. Son bassin orné de moulures est surmonté d'un piédestal décoré de quatre panneaux moulurés et de cartouches sculptés portant chacun un goulot. Quatre consoles d'angle complètent l'ensemble. Au sommet du piédestal, une corniche sert de socle à un vase orné de godrons.
Conçue pour abreuver les hommes et les animaux, il était interdit d'y laver du linge, ou de quelconques objets.
Alimentée en eau par une conduite passant à l'origine sous les remparts, depuis une source à la Font de Mazade, la fontaine Soubeyran était un élément clé du réseau d'alimentation du village jusqu'au milieu du XIXème siècle. De cette fontaine partait la conduite alimentant la fontaine et le lavoir du Ponteil.
Cette conduite était construite avec des bourneaux en terre cuite avec de l'huile de noix pour assurer cohésion et étanchéité du ciment
(image 1 ci-dessous)

Fontaine et lavoir du Ponteil
Initialement bâti au XVIIème siècle, avec une alimentation en eau depuis la fontaine Soubeyran, cet ensemble a été remanié à plusieurs reprises. Au début du XIXème siècle, la démolition des remparts dégage l'espace. Un nouvel ensemble remplace celui édifié au XVIIIème siècle en 1872-1873.
L'architecte bourguesan Baussan est chargé de superviser les travaux. Le lavoir comprend un bassin de près de 10 m sur 4, bâti en calcaire dur des carrières de Saint-Marcel. Les piliers (remplacés à l'identique en ce qui concerne la forme en 2009) étaient en pierre de Saint-Restitut, et la toiture en pierres plates de Marseille.
La fontaine du XVIIIème siècle, avec son auge creusée en une seule pièce, a été conservée et placée au centre, devant le lavoir.
(images 2 et 3 ci-dessous)

Eglise et Chapelles

L’église paroissiale

L’édifice actuel date de la seconde moitié du XIXème siècle, mais une église primitive existait au VIème siècle dédiée à Saint Marcel
De l’édifice précédent, remanié à maintes reprises, il ne reste plus que le porche et le clocher. Ce dernier lesquels date du XVème siècle, de style gothique provençal tardif, avec ses gargouilles, et son élégante flèche ornée de modillons.

L’ancienne église était située à l’emplacement de la place actuelle. La nouvelle est bâtie à l’opposé par rapport au clocher, sur l’espace correspondant à l’ancien cimetière et à des maisons démolies pour l’occasion.
L’ouvrage est confié à Bousquet, un architecte marseillais qui travaille dans la tradition de Viollet le Duc, en proposant un vaste édifice à 3 nefs d’inspiration gothique « en harmonie avec le clocher ». Les travaux débutent en 1862 et se poursuivent jusqu’ à la fin des années 1870 en se terminant par le fronton ogival du portail aux jambages décorés de quatre colonnettes. Les tourelles sont ajoutées pour consolider le clocher.
A l’intérieur, 8 statues sur piliers rappellent le martyr de Saint-Marcel, que le récit hagiographique situe en 177, ainsi que la transmission de son culte au cours des âges. Plusieurs tableaux rappellent la Crucifixion, la Nativité et Saint Marcel. Toutes ces œuvres sont du XIXème siècle. (images 1 et 2 ci-dessous)

La chapelle des pénitents

Construite au cœur du village, tout près de l’ancienne cure, elle date du début du XVIIème siècle au moment de la Contre Réforme catholique. Dépendante de la confrérie des Pénitents Blancs qui outre leur vocation pastorale, s’occupaient des défunts et pratiquaient l’entraide.
En 1743, le mur ouest menaçant de s’effondrer, on jeta un arc au dessus de la rue de la cure pour l’appuyer contre la maison d’en face (aujourd’hui l’Oustaou). Cet arc est toujours en place.
Sous la Révolution, la chapelle servit un temps de salle de réunion à la société des Amis de la Constitution, particulièrement influente à Saint Marcel d’Ardèche.
Décorée de fresques contemporaines dans la seconde moitié du XXème siècle, elle est toujours un lieu de culte.

Lors de la tragédie de l’explosion de l’usine du Banc Rouge en 1962, elle tint lieu de chapelle funéraire.
A l’entrée une plaque rappelle cet épisode tragique de la vie saint marcelloise. (images 3, 4 et 5 ci-dessous)

Le château

Edifice privé, il appartient aux héritiers de la famille de Bernis

Dans un mémoire rédigé en 1760,le marquis de Pierre de Bernis affirme que son château « est le plus beau du Vivarais » pour ajouter aussitôt : « Malheureusement cela ne prouve rien de magnifique » .
Un simple coup d’œil sur un plan du village montre l’étendue du château et de son parc. Il s’ouvre côté sud sur un paysage grandiose qu’une vaste terrasse permet de découvrir. Nul doute que le choix de l’emplacement, la disposition du bâtiment et du parc n’aient été largement influencés par la perspective paysagère.Il fut construit à la fin du XVIIème et au début du XVIIIème siècle en s’appuyant sur des constructions plus anciennes
En moins d’un siècle, la famille de Bernis avait acquis un quartier entier au sud de la communauté, autour du noyau de la demeure seigneuriale de la famille de Blou-Laval.

Ce lieu bien que situé à l’intérieur des remparts avait conservé plusieurs jardins, et offrait l’espace nécessaire. Ces acquisitions préparées dès le XVIIème siècle par le mariage entre un Pierre de Bernis et Elisabeth de Blou-Laval accompagnaient l’ascension sociale d’une dynastie qui triomphe en 1751 avec la création du marquisat de Saint-Marcel-de-Pierre-de-Bernis. Le frère du marquis, devenu le Cardinal de Bernis occupe alors les plus hautes fonctions dans l’entourage de Louis XV puis de Louis XVI.
En 1763, le compoix indique l’existence du « château avec ses appartements, avant-cour, basse-cour, réserves, écuries, parterre, jardins, terrasses, ménagerie, vivier, lavoir, pavillons, moulin à huile ».
Une patiente politique d’échanges conduite avec un conseil placé sous contrôle permet au marquis d’agrandir et de terminer l’aménagement de son château., en particulier au nord sur la placette, et au levant…

Avril 1792 : la Révolution porte un rude coup à la puissance seigneuriale qui perd ses privilèges. Le cardinal, héritier du château depuis la mort de son frère le marquis est déclaré émigré. Du 9 au 11 avril 1792, les habitants envahissent le domaine, détruisant le mur de l’avant-cour, brisant portes et fenêtres, livrant aux flammes les papiers seigneuriaux. Le toit est démoli. Même les soliveaux sont attaqués, le tout en présence de la municipalité.

Sous la Convention, le château est placé sous séquestre. Les caves abritent un atelier de salpêtre. Mais le bâtiment échappe aux ventes révolutionnaires. Il était passé en temps opportun entre les mains d’un parent resté en France, neveu par alliance du Cardinal.

Le retour des Bernis s’effectue sous l’Empire. Ils retrouvent sinon leurs privilèges, du moins une grande partie de leur puissance jusqu’au début de la IIIème République. Le château est reconstruit.
Il se présente aujourd’hui dans un style d’inspiration classique, avec son corps central surmonté d’un fronton triangulaire, flanqué de deux ailes symétriques. Au nord une cour intérieure s’ouvre sur la place du Monuments aux Morts (l’ancienne Placette) par un vaste portail. Il ne reste qu’un seul des deux pavillons qui le bordaient.
Au sud, le bâtiment donne sur une grande terrasse surplombant le parc et toute la vallée…

Les archives, monuments et objets classés

Les archives

Saint Marcel d’Ardèche détient un des fonds d’archives les plus importants en Ardèche.
La plupart des documents sont conservés et classés aux archives départementales. En effet au cours des années 1960, à la suite du vol d’un parchemin datant 1228 (il s’agit de l’acte de vente consenti par Dame Vierne de Baladun à la communauté), l’essentiel du dépôt a été transféré à Privas. (image 1 ci-dessous)

Pour les archives récentes, un local a été aménagé et le travail de classement est en cours.

Le cadastre napoléonien a été récemment restauré . La numérisation de photos et de cartes postales anciennes vient enrichir un fonds nouvellement constitué, lui aussi en cours de classement. (images 2 à 7 ci-dessous)

Sites, monuments et objets classés 
La grotte de Saint-Marcel, située sur le territoire de Bidon mais propriété de la commune de Saint Marcel d’Ardèche.

La cavité de la Tête du Lion, avec sa peinture rupestre vieille de 21000 ans, elle aussi sur le territoire de Bidon, mais propriété de Saint Marcel d’Ardèche.

La chapelle romane Saint Sulpice à Trignan

Objets classés : chapiteau roman, éléments de l’ancien portail roman, antependium (récemment restauré), plans du XVIIème siècle. (image 1 ci-dessous)

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