Histoire

Un village chargé d'histoire

Saint-Marcel est l’une des communautés les plus anciennes du Vivarais.
Parcourez le cœur médiéval du village. Vous vous laisserez gagner par le charme de ses ruelles pavées de galets. Place de la mairie, on peut s’exercer à la lecture des façades. Depuis la place des Mûriers ou depuis la minuscule rue de la Cure, il faut admirer la perspective vers le clocher de l’église.


Dès la première moitié du XIIIème siècle, Saint-Marcel se dote de solides institutions dirigés par des recteurs. Il s’agit de gérer d’immenses communaux dans les bois acquis en 1228 et sur les îles du Rhône. Il s’agit aussi d’organiser la « charité ». Les recteurs sont parfois en conflit avec le consulat des nobles qui a la haute main sur la justice. Pour affirmer leur puissance, les nombreux coseigneurs édifient des tours et de belles demeures dont certaines sont encore visibles.
A l’abri de ses remparts, Saint-Marcel-d’Ardèche est au XVème siècle une des 4 villes du Bas Vivarais,. Son clocher caractéristique date de cette époque. Elle a même un hôpital. Le nom d’une rue le rappelle, vers Barry Ouest. Durement affecté par les guerres de religion, Saint-Marcel s’inscrit dans la reconquête catholique. Au XVIIème siècle les Pénitents Blancs font construire la chapelle proche de la cure.


Les conflits entre nobles et communauté se multiplient. Au XVIIIème siècle, la famille de Bernis réussit à concentrer entre ses mains le pouvoir seigneurial et à faire de Saint-Marcel le siège d’un marquisat. Le marquis est alors le frère du cardinal de Bernis, ministre de Louis XV. Un vaste château construit sur le flanc sud du village rappelle cette page d’histoire. La Révolution balaye le pouvoir seigneurial et détruit le château. Ce dernier est reconstruit au XIXème siècle avec le retour temporaire du pouvoir des Bernis.


Le XIXème siècle voit la démolition des remparts, la construction de nouvelles fontaines et des lavoirs, la reconstruction de l’église derrière son clocher du XVème siècle…Le village se développe grâce à la soie, au vignoble, à ses tuileries… Une nouvelle place est aménagée au sud-ouest. Elle contribue au charme de Saint-Marcel. Mais la fin du siècle est terrible : maladie du ver à soie, crise du phylloxera… En un siècle, la communauté perd la moitié de ses habitants.

Il faut attendre les années 1980 pour que le village connaisse un nouvel essor en relation avec le développement industriel du Tricastin, la qualité de son vignoble et sa qualité de vie.

La préhistoire

Le territoire actuel de la commune de Saint-Marcel-d’Ardèche a été parcouru très tôt par les hommes
Les premiers chasseurs ont laissé sur place quelques outils. A l’époque de l’homme de Néandertal, l’entrée naturelle de la grotte de Saint-Marcel a servi d’abri et de dépeçage des animaux.

Plus tard, les premiers artistes ont peint le bovidé sur une paroi de la cavité de la tête du Lion qui fait partie du patrimoine communal. De nombreuses gravures figurent dans les cavités proches.
Au néolithique les premiers paysans-éleveurs ont construit les dolmens du Pradinas et du Colombier. Ils ont élevé le menhir présenté aujourd’hui sur le chemin de découverte près de la grotte de Saint-Marcel.
A l’âge des métaux, l’habitat se développe sur les hauteurs : l’oppidum de Saint-Etienne-de-Dions, au dessus du Rhône est alors un lieu d’échanges actif vraisemblablement en relation avec le Barry près de Bollène, nouant des relations commerciales avec Marseille.

La période gallo Romaine

Le territoire de Saint-Marcel relève de la tribu des Helviens, avant la conquête romaine. En fait, les contacts avec le monde étrusque et avec Rome sont déjà nombreux, comme ils l'étaient avec Marseille.
Après la conquête au début du IIème siècle avant notre ère, le processus de romanisation gagne vite du terrain. De petites exploitations travaillent sur les côteaux et les terrasses la vigne et l'olivier. Elles gagneront bientôt en taille. Au quartier de Saint-Julien les vestiges de pressoirs, d'aires de stockage évoquent les activités agricoles de cette période gallo-romaine. L'oppidum de Saint-Etienne-de-Dion semble abandonné.

L'argile est une matière première recherchée. Elle abonde sur Saint-Marcel et les bois environnants offrent le combustible, tandis que le Rhône permet l'exportation. Le quartier de Chaveyron a eu son atelier de potiers et de plaques décoratives en argile cuite destinées à être fixées en bordure des toits de tuiles...
A la fin de l'Antiquité, les troubles entraînent une réoccupation des sites perchés. L'oppidum de Saint-Etienne-de-Dion est réutilisé.

La période médiévale

Le village médiéval s’est construit autour de son église au creux des collines qui surplombent le Rhône. La mention la plus ancienne de Saint-Marcel date de 877. Mais le toponyme est plus ancien.
Quand la féodalité triomphe, de nombreux co-seigneurs se disputent le pouvoir de justice. Un acte de 1247 règle provisoirement le litige en fixant la part de chacun. L’évêque de Viviers est alors le seigneur dominant.

A l’issue des conflits opposant les Croisés au Comte de Toulouse, la communauté acquiert en 1228 d’immenses étendues boisées sur le plateau près de Bidon. Elle a bientôt ses propres recteurs-syndics chargés de la gestion du quotidien et de la charité publique, alors que les consuls désignés par les seigneurs exercent le pouvoir de justice.

Parmi les puissances du moment figure le Commandeur des Hospitaliers de Saint-Jean installé près de Trignan.
Après le rattachement des terres de l’évêque de Viviers au royaume de France, le prélèvement fiscal s’alourdit.
Toutefois à la fin du Moyen-Age, malgré les crises de la guerre de 100 ans, malgré les épidémies de peste, Saint-Marcel-d’Ardèche prend le statut de ville, blottie dans ses remparts et ouverte sur le monde par ses trois portes du Rhône, du Ponteil et de Soubeyran, dominée à partir du XVème siècle par son clocher.

Les temps modernes

Pendant la première moitié du XVIème siècle, Saint-Marcel s’embellit avec l’aménagement de demeures seigneuriales agrémentées de tours-escaliers.
Mais les guerres de religion ruinent la cité et sont marquées par des épisodes sanglants comme celui de la prise de Saint-Marcel en 1567 par le baron d’Adret.

La reconquête catholique s’affirme au XVIIème siècle avec la construction de la chapelle des Pénitents Blancs. Le conseil politique dirigé par deux consuls, qui succédent aux recteurs-syndics de la période médiévale, tend à s’affranchir du pouvoir seigneurial. Celui-ci se concentre entre les mains de quelques grandes familles.
En 1751, celle des Pierre de Bernis l’emporte. Un marquisat est créé et la communauté change de toponyme pour devenir Saint-Marcel-de-Pierre-de-Bernis. Le marquis, frère du célèbre Cardinal, impose son autorité sur le conseil politique. La justice seigneuriale passe entièrement entre ses mains. Il réside dans un vaste château construit au fil des ans au sud de l’enclos.
Bénéficiant d’une période de prospérité, la communauté restaure ses remparts, élargit les rues d’accès au château, améliore son réseau de fontaines…

La période révolutionnaire

Le petit peuple de Saint-Marcel s’engage résolument dans le processus révolutionnaire, participant aux actions contre les rassemblements royalistes de Jalès, et au vaste soulèvement anti-féodal du printemps 1792. Le château de la famille de Bernis est saccagé.

Les grandes décisions sont prises lors d’assemblées générales des habitants. On y décide le partage de l’île communale, la restitution des biens usurpés à la commune.
Le pouvoir seigneurial est démantelé avec la suppression des justices féodales. Les biens des émigrés sont vendus (ceux de Beaune-Montagu) ainsi que ceux de l’ancienne commanderie de Saint-Jean.
La poussée déchristianisatrice, marquée par la fermeture de l’église, provoque un désarroi parmi les saint-marcellois.

Sous le Directoire, le triomphe des notables s’effectue dans un contexte trouble. Déserteurs et brigands parcourent les campagnes. Le calme revient peu à peu sous le Consulat et l’Empire. Les Bernis sont de retour et récupèrent leurs biens.

Du XIX° siècle à nos jours : crises et renouveau

Jusqu’en 1870, la famille de Bernis occupe le devant de la scène. L’avènement de la IIIème République et l’instauration d’élections libres au suffrage universel masculin font émerger une nouvelle catégorie d’édiles locaux.
Le village se transforme : démolition des remparts, aménagement des places du Ponteil, construction d’une nouvelle église autour du clocher médiéval, élargissement des rues, nouvelles fontaines et nouveaux lavoirs.
La population s’accroit pour atteindre près de 2300 habitants au milieu du XIXème siècle, la plus grande partie dans l’ancien enclos. Mais l’habitat commence à s’étendre, et les anciens mas de Trignan, Fontaynes, la Bégude… s’étoffent de nouvelles constructions

Le travail de la terre, le vignoble, l’éducation des vers à soie, l’élevage ovin sont épaulés par l’essor des tuileries, des filatures… et par l’exploitation des bois communaux.
Mais dans le dernier quart du XIXème siècle, la maladie du ver à soie, destruction du vignoble par le phylloxera ruinent l’économie locale. L’ouverture d’une gare le long de la nouvelle ligne de chemin de fer, la construction d’une usine d’alcools, les débuts balbutiants du tourisme avec l’ouverture de la grotte de Saint-Marcel aux visiteurs ne parviennent pas à enrayer le déclin. Celui-ci s’accentue avec les deux conflits mondiaux. La population s’effondre à moins de 1100 habitants en 1946.

Il faut attendre les années 1970-1980 pour assister à un renouveau basé sur la reconstitution d’un vignoble de qualité et sur la proximité du site industriel du Tricastin, non loin de l’offre touristique des Gorges de l’Ardèche et des grottes de Saint-Marcel réaménagées en 1989. De nouveaux habitants sont arrivés, attirés par le charme incontestable du village et de ses alentours, un attrait épaulé par le développement de services et par une vie associative intense.
Share by: